Apprendre à écrire un scénario de cinéma
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Description : Ce mini-cours a pour ambition de vous
exposer les règles de base de l'écriture d'un scénario de film pour le
cinéma. Il s'adresse à toutes les personnes qui aimeraient se lancer
dans l'écriture filmique sans toujours savoir comment s'y prendre, mais
aussi à ceux qui ont envie de savoir comment se bâtit et s'écrit
l'histoire d'un film.
Programme :
Qu’est-ce qui constitue un scénario ?Les fondements d’un bon scénario : histoire et personnages
Un ingrédient essentiel : l’art du dialogue
Conclusion
Apprendre à écrire un scénario de cinéma
Qu’est-ce qui constitue un scénario ?
- Voiture de César – intérieur nuitCésar, au volant, fume le cigare. A ses côtés, Rosalie, lasse; elle s’est recroquevillée sur son siège.
César : Tu es fatiguée ?
Rosalie : Si tu avais pu décommander ton poker!
César : Impossible.
César : Dors va !… (Elle ferme les yeux; un temps). J’ai été bien, hein ? Toute la journée…
Claude Sautet, " César et Rosalie ", in L’Avant-scène Cinéma n° 131, décembre 1972.
Les constituants essentiels de tout scénario :
- L’invention de l’histoire - l’idée du filmC’est le point de départ du film, ce qui met en branle un processus
de création. L’idée d’un film peut avoir pour origine le désir de
raconter une histoire à partir d’un fait de société (L-627 de Bertrand Tavernier ), d’un fait divers (Une histoire vraie de David Lynch), d’un roman (Madame Bovary de Claude Chabrol), d’une bande dessinée (Nikita de Luc Besson), etc.
* * *
Il implique le développement de l’idée de départ à travers la mise à jour d’un véritable sujet qui donnera toute son envergure au film et déterminera la nature du travail à poursuivre.
Par exemple, la réalité sociologique de la police dans L-627 (souci du réel impliquant une lourde documentation) ; l’amitié entre deux frères dans Une histoire vraie (réflexion sur la vieillesse et le pardon), les rapports esthétiques entre BD et cinéma pour Nikita, qui pose le problème du décor et des accessoires, etc.
La narration
Deux règles gouvernent la narration : la clarté et la description.
La clarté, car le scénario sera lu par plusieurs personnes, dont des producteurs, et qu’il faut tout de suite qu’on comprenne l’histoire.
La description, car le scénario est avant tout un outil de travail qui doit être précis pour les acteurs et le réalisateur.
Nous verrons plus loin comment structurer la narration à partir d’un modèle spécifique.
La présentation du scénario :
Quand le récit du scénario est terminé, on parle dans le langage professionnel de continuité dialoguée. Celle-ci se divise en scènes. Un long métrage en compte en général entre 110 et 120.
Il faut toujours accompagner la continuité dialoguée d’un synopsis, court texte d’une à trois pages qui en résume la teneur. Parfois, à l’entrée des salles de cinéma, des synopsis pour le grand public sont affichés.
En introduction à cette présentation, vous pouvez rédiger une note d’intention, qui permet à vos lecteurs de savoir quel genre vous avez voulu pratiquer et dans quel style…
Les fondements d’un bon scénario : histoire et personnages
Alfred Hitchcock
L’histoire implique une intrigue très structurée. Celle-ci doit monter en puissance par paliers successifs en suivant une stricte progression, comme chez Hitchcock par exemple, le grand maître du suspense, qui distribue ses informations au compte-gouttes.
Le modèle narratif de référence est celui d’Hollywood, qui fonctionne en trois actes. Nous vous conseillons vivement de le suivre pour vos premiers travaux.
- Le premier acte
dure autour de trente minutes. Il sert à exposer l’intrigue et
doit permettre au spectateur de se poser les questions suivantes :
- -> Qui est le héros ou l’anti héros de la fiction?
- -> Quel est son problème?
- -> Avec quels personnages est-il entré en relation?
Cet acte doit impérativement s’achever sur une péripétie faisant basculer vers le deuxième acte (par exemple un crime ou une disparition).
Le deuxième acte dure environ une heure. Il appelle un conflit entre le personnage principal, qui entre dans une phase de crise, et son entourage. Le parcours du héros oscille ainsi entre péripéties et obstacles à surmonter. Un tournant majeur doit clore cet acte pour que l’intérêt dramatique soit à son apogée.
Le troisième acte dure autour de trente minutes. Il est temps pour le personnage principal de résoudre l’intrigue, son ou ses problèmes, et de sceller son destin.
* * *
Création d'un personnage
Personnages
Pour la création des personnages, voici deux conseils de travail :
Créer une liste de personnages avec déjà quelques caractéristiques (psychologiques, sociales, physiques, comportementales…) que vous compléterez par la suite. Ce travail permet de ne pas se soumettre aux aléas d’une création qui suivrait strictement le fil de votre plume et rend possible la conception d’une évolution du personnage. Si tel homme décide par exemple au début du scénario d’arrêter de fumer pour la naissance de sa fille, il peut parfaitement reprendre à la fin du premier acte après le décès de sa femme. Créer un deuxième tableau sur lequel vous fixez les différents moments de l’histoire sur un axe horizontal. Vous pouvez ainsi parfaitement visualiser la progression de l’intrigue et cocher les moments où interviennent vos personnages. Ce qui vous renseignera doublement sur la fréquence de leur utilisation, avec parfois des déséquilibres à réparer, et sur la pertinence dramatique du moment où vous les faites apparaître.
Un ingrédient essentiel : l’art du dialogue
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Jean Gabin et Michèle Morgan dans "Quai des brumes"
Le
dialogue au cinéma est un art qui a ses professionnels, les
dialoguistes. Nous insisterons ici sur les fonctions du dialogue
cinématographique, que nous illustrerons par des exemples.
Jean Gabin et Michèle Morgan dans "Quai des brumes"
Présenter des faits et fournir des informations au spectateur.
C’est la fonction la plus évidente, mais elle est à utiliser avec prudence. En effet, il ne s’agit pas de tout dire tout de suite à travers la voix des personnages, mais de rendre possible une gradation de l’intérêt dramatique par ce qu’ils disent ou ne disent pas.
Faire progresser et dramatiser l’action grâce à des paroles charnières.
Exemple - La malédiction des hommes chats (1944) - de Robert Wise
- Une fille s’adresse à sa mère : "C’est Noël et tu n’ouvres pas le cadeau de ta fille ?
La mère répond : Non, parce que tu n’es pas ma fille ".
* * *
Caractériser les personnages par leur manière de parler.
Les répliques peuvent en effet permettre de les cerner culturellement, socialement et psychologiquement.
Exemple - Le gendarme à Saint-Tropez
- Un accident de voiture vient d’avoir lieu. Un gendarme s’adresse à sa hiérarchie :
Le gendarme : " Eh, chef, qu’est-ce qu’il faut faire ? "
Le supérieur : " Ce qu’il faut faire ? "
Le gendarme se pose ainsi en parfait décalage avec sa définition professionnelle d’homme d’action : il est connoté " flic idiot ", ce qui suit une longue tradition française qui tourne en dérision les forces de l’ordre.
Ici, le gendarme parle pour faire rire le spectateur dans une situation burlesque face à un chef peu chanceux d’avoir un tel homme sous ses ordres. Le dialogue permet ainsi d’identifier tout de suite des personnages fortement typés.
Conclusion
BIBLIOGRAPHIE
- Etudes
Ecrire un scénario - Chion (Michel) - Editions de l’Etoile/INA - Paris 1987.
Le Scénario - Torok (Jean-Paul) - Veyrier - Paris 1986.
Scénarios modèles, modèles de scénarios - Vanoye (Francis) - Nathan Université - Paris 1991.
Textes de scénarios
La collection Synopsis propose l’édition de scénarios classiques et modernes et offre un large spectre des types d’histoires produites et des types d’écritures pratiquées.
Revue
CinémAction n°61, " L’enseignement du scénario ".
Vous pourrez également consulter avec profit la revue " Synopsis ", revue grand public qui donne de bonnes informations pratiques sur l’écriture scénaristique.
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